Médecin Urgentiste et Médecine d'Urgence

Publié le par Guillaume Mercier

Médecine d'urgence

La médecine d'urgence, ou oxyologie, regroupe les techniques médicales et chirurgicales pour faire face à une urgence vitale, c'est-à-dire une situation où le patient, faute de soins, risque de décéder. De telles situations peuvent survenir dans une structure hospitalière (le patient est déjà hospitalisé et son état se complique), à domicile, sur la voie publique ou dans un lieu public ou privé (malaise, maladie, accident domestique, accident sur la voie publique, accident de travail). Outre la médecine générale, les compétences spécifiques mises en œuvre dans le cadre de la médecine d'urgence sont :

- l'anesthésie-réanimation : un certain nombre de problèmes peuvent survenir sous anesthésie (notamment du fait de l'anesthésie), par exemple lors d'une opération ou d'un examen médical ; mais le traitement de l'urgence fait aussi fréquemment appel à l'anesthésie (pour permettre des soins douloureux ou provoquant des réflexes de rejet) et à la réanimation (maintien et restauration des fonctions vitales)

- la traumatologie : de nombreux accidents provoquent des traumatismes : fractures, luxations, entorses, blessures, brûlures, noyades...

- la toxicologie : de nombreuses situations résultent d'intoxications accidentelles ou volontaires (tentative de suicide, d'assassinat, toxicomanie) : intoxications alimentaires, par émanation de gaz, médicamenteuse, par stupéfiants, alcoolique, empoisonnement...

La médecine de catastrophe est une branche de la médecine d'urgence qui concerne les accidents ou catastrophe impliquant un nombre massif de victimes : accident de train, tremblement de terre, attentat... La catastrophe se définit par l'inadéquation des besoins de secours et des moyens disponibles (moyens dépassés). Elle nécessite une organisation et une « doctrine » différente de la médecine d'urgence habituelle.

La France a vécu heureusement fort peu de catastrophes, mais des équipes médicales sont formées pour intervenir dans d'autres pays (par exemple les Unités d'intervention et d'instruction de la sécurité civile dans les tremblements de terre), mais aussi pour faire face si possible aux situations de catastrophe en France (écroulement de la tribune du stade de Furiani, accident de train à la Gare de Lyon, explosion de l'usine AZF du site de Grande-Paroisse à Toulouse).

Le terme oxyologie semble avoir été utilisé pour la première fois par Gabor en 1970 ; il s'agit donc d'un néologisme, formé à partir des racines grecques oxus, aigu et logos, la science (à rapprocher du terme « médecine aiguë » utilisé en Belgique).

Organisation de la médecine d'urgence

- Le Samu, se compose dans chaque département d'un centre 15 (CRRA, Centre de Réception et de Régulation des Appels), et de plusieurs SMUR (Service Mobile d'Urgence et Réanimation) permettant l'envoi d'une équipe de réanimation à bord d'une UMH (Unité Mobile Hospitalière).

Cependant, la réponse du centre 15 n'est pas univoque, et à l'issue du dialogue entre l'appelant et le médecin régulateur, la décision peut aller du simple conseil téléphonique à l'envoi d'un SMUR par hélicoptère. Les divers effecteurs possibles sont:

- Le médecin traitant

- Le médecin de garde

- SOS Médecins dans les grandes agglomérations

- Un médecin pompier (généraliste)

- Une ambulance privée

- Une ambulance des pompiers (VSAV)

- Une équipe SMUR (voiture, ambulance de réanimation, hélicoptère)

Si les situations restent encore variables d'un département à l'autre, la tendance actuelle en France est que tout appel en dehors des heures et jours ouvrables passe par le centre 15, y compris pour avoir le médecin de garde, ou lorsque ce dernier souhaite obtenir une ambulance.

- Dans le cas d'un appel au 18 (pompiers), l'opérateur qui n'est pas médecin peut décider de l'envoi d'un VSAV en prompt secours si la situation lui semble grave, puis doit en informer aussitôt le centre 15. Dans le d'un appel ne semblant pas urgent, il transfère directement l'appel au centre 15.

- SOS Médecins est un système privé fonctionnant aussi 24H/24 et qui gére ses appels en direct (là non plus, pas de médecin en ligne pour apprécier la gravité de la situation).

Mais rien n'empêche un patient de shunter le système pré-hospitalier pour se rendre dans:

- les services des urgences des hôpitaux ou des cliniques privées, qui reçoivent donc les personnes se présentant spontanément, ainsi que les personnes amenées par les services de secours ci dessus.

La médecine d'urgence assure le lien entre l'extérieur de l'hôpital et les autres services de l'hôpital (chirurgie, radiologie, pneumologie, cardiologie, neurologie...), mais aussi le lien entre ces services, pour les situations de détresse inopinées et soudaines.

Urgence réelle ou urgence ressentie ?

Pour les citoyens, une urgence est une situation inopinée et soudaine faisant craindre pour la vie de la personne ; or, certaines situations impressionnantes sont en fait bénignes, et d'autre passent inaperçues alors qu'elles sont alarmantes (par exemple certains signes d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral peuvent sembler bénins). Ceci souligne l'importance du rôle de conseil et d'orientation — de régulation — du Samu, et la détection précoce de situations à risque par le médecin libéral, voir par le patient lui-même ou son entourage (donc l'importance des formations aux premiers secours où l'on apprend à reconnaître les signes alarmants).

De plus en plus de personnes utilisent les urgences de l'hôpital comme un cabinet médical ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre/sept jours sur sept, « consomment » de l'urgence. Ce type de comportement nuit à l'efficacité du système, les « vraies » urgences risquent d'être prises en charge avec retard en raison de l'encombrement du système, et la fatigue des personnels générée par cette surcharge de travail est nuisible à la qualité des soins. Notons que ce comportement est aussi un mauvais calcul pour le patient, car celui-ci serait peut-être mieux à se reposer chez lui (en attendant l'arrivée du médecin de garde ou l'ouverture d'un cabinet libéral le lendemain) plutôt qu'à attendre aux urgences, avec les désagréments et les risques d'attraper les maladies des autres... En revanche, il ne faut pas non plus négliger l'importance d'avoir un avis médical dans certaines situations (cf. ci-dessus). Par ailleurs, les indigents peuvent bénéficier en France de la couverture maladie universelle (CMU) qui leur permet d'avoir des soins gratuits sans avance de frais, y compris dans des cabinets libéraux.

Formations

En France, les médecins peuvent suivre les formations suivantes :

- Capacité à la médecine d'urgence (Camu) :

Cette capacité a pour but d'affirmer la formation des médecins dans l'optique des urgences hospitalières et pré-hospitalières. Elle est souvent assurée au sein des Samu (Césu). Elle se déroule sur deux ans, avec un recrutement préalable sur examen probatoire. Elle s'organise autour de cours théoriques et de stages obligatoires (urgences, réanimation, Samu/smur). Elle se valide par des stages et des examens écrits (avec des notes éliminatoires). Elle est devenue au fil du temps quasi obligatoire pour travailler aux urgences et au smur. Sa reconnaissance fait que la filière des urgences deviendra à terme (a priori) une vraie spécialité, ce qu'elle est déjà dans la pratique.

- Médecine de catastrophe (Cata) :

Cette formation a pour but d'acquérir des notions d'attitudes pratiques en cas de catastrophe, ce qui n'est pas le cadre classique de l'intervention du médecin urgentiste. Elle s'adresse aux praticiens urgentistes français et étrangers désirant se former. Elle se déroule sur une année (cours théoriques, retour d'expérience...) et est validée par un examen écrit mais aussi par une « manœuvre », où le praticien est mis en situation de catastrophe et est évalué. La formation tente de préparer les praticiens potentiellement exposés à une situation où les moyens sont insuffisants. Une organisation, une stratégie médicale, une logistique et un raisonnement spécifique sont nécessaire pour gérer « au mieux » une situation de catastrophe. La catastrophe étant par définition souvent imprévisible, la Cata fait prendre conscience les objectifs prioritaires à atteindre aux praticiens, et apprend à s'adapter à la situation. C'est une formation évolutive qui s'enrichit de l'expérience de chaque événement catastrophique.

Les médecins généralistes et les infirmiers peuvent aussi suivre des stages dans le cadre de la formation continue, comme les stages Atmu® (Apprentissage aux techniques médicales d'urgence). En dehors de l'Atmu, il n'y a pas de formation spécifique pour les infirmiers, mais la spécialité d'infirmier anesthésiste (IADE) est fort appréciée.

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E
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> Cordialement
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F
Merci pour toutes ces infos! C'est très intéressant d'apprendre davantage sur votre métier par les personnes qui l'exercent et non à travers des reportages de journalistes (qui ont toujours un angle d'accroche).
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